aRT ET LANGAge

1- Irène Chalkia, Cie Sacarabaeus

2- Joana Bartholomew, Compagnie du Lynx

3- Maril Van den Broeke, Compagnie du Pas'sage

4- Catherine Tournafol, ITEP et Pour la Promotion de Tous les Talents

Intervention d'Irène Chalki

Cie ScarabAeus

 

ART et LANGAGE – pour un THEATRE MULTILINGUE au sein de l’EUROPE

 

 

Au fil des années et des choix que l’on fait dans le quotidien, on ne sait presque plus si la théorie – disons la philosophie qui soutient la pratique – vient avant ou après la pratique elle-même sur le terrain.

Je suis invitée parmi vous pour témoigner de manière théorique et présenter ma philosophie de base pour la pratique et la défense du multilinguisme au théâtre. Cette philosophie a été le moteur principal pour la fondation en 1984, à Bruxelles, de l’Atelier Théâtral des Institutions européennes (en abréviation : ATIE): le but était de créer un cadre expérimental pour le théâtre européen, sans frontières linguistiques et dans lequel toutes les langues et les cultures européennes auraient les mêmes titres d’honneur et bénéficieraient de la même visibilité, dans une perspective d’échange et d’enrichissement réciproque.

 

L’impact de cette troupe de théâtre européen créée comme un théâtre d’essai a été considérable au sein des Institutions européennes. En un an le nombre de participants aux différentes activités de formation et de création a atteint 130 personnes, tous ressortissants des pays différents de la Communauté européenne. Les premières productions théâtrales (Elektra de Hugo von Hoffmanstahl, Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco, Aggiungi un posto a tavola di Garinei e Giovannini, Yerma de Federico Garcia Lorca, La patente et L’uomo dal fiore in bocca di Luigi Pirandello), ont été réalisées dans une seule langue, pour la plupart dans la langue originale de l’œuvre, (en Français, Grec et Italien), bien que l’éventail linguistique des participants était plus élargi. La troupe part en tournée en Italie avec le Roi se meurt d’Eugène Ionesco pour participer au Festival de Chietti, puis à Luxembourg au Théâtre d’Esch/s/Alzette qui accueillera par la suite nombre de nos productions (YERMA de Federico Garcia Lorca, un hommage poétique et musical en plusieurs langues au poète grec Yannis Ritsos) et deviendra notre partenaire culturel pour la création du spectacle LES DON JUAN (en 1990). Les DON JUAN que nous travaillons presque pendant deux ans est l’aboutissement de cette première période expérimentale de 5 ans au sein de l’ATIE. Le mythe est abordé depuis ses origines espagnoles jusqu’au 20ème siècle à travers des œuvres théâtrales et l’opéra, des pièces écrites en différentes langues (FR, ES, IT, EN, DE) et à des époques sociologiquement différentes. Bien entendu, nous travaillons chaque fois avec la version originale. Seule exception a été le texte de Don Juan de Pouchkine (en russe) dont nous avons dû utiliser la traduction française. Le projet dramaturgique a retenu, après l’ étude comparée des 16 pièces différentes traitant du mythe de Don Juan, de grands extraits de 11 pièces en cinq langues différentes. C’était une fresque théâtrale gigantesque d’une durée de 5 heures que nous avons dû réduire finalement à trois heures de spectacle. Après la production des Don Juan qui a été présenté à Bruxelles (à l’Espace Delvaux) et à Luxembourg (au Théâtre Municipal d’Esch-sur-Alzette), nous avons entrepris un autre projet multilingue, GOOD OLD EUROPE, qui a été créé en 1992 avec les acteurs de l’ATIE et repris un an plus tard, en Octobre 1993, avec une distribution partiellement modifiée, comme spectacle d’ouverture de l’Espace Scarabaeus que nous venions de créer.

Cette production a confirmé auprès d’un vaste public que le multilinguisme appliqué au travail théâtral et artistique pourrait aboutir à des résultats intéressants et innovants et développer des échanges culturels parmi les participants, sans compter l’enrichissement mutuel en expériences humaines et professionnelles (cf. extraits de la Presse au sujet de ce spectacle).

 

Extrait No 1. – « Good Old Europe »- Un voyage théâtral douze étoiles

Les douze petites étoiles européennes sont cette fois à l’ origine d’un spectacle poético-théâtral, « Good Old Europe ». En 1990 le centre culturel du Brabant wallon lance un concours d’écriture centré sur le thème : « Mon pays, région d’Europe ». Venus de huit pays de la Communauté, les textes retenus pour une publication sont signes par Danine Abse, Sophie Bronsin, Gillian Clom, Janine Dehut, Patrick Devaux, Hans Dieter, Françoise Lison, Christopher Pilling, Ferhad Skakely, A.E. Tilman et Chris Burkesroda.

Chacun évoque, à sa manière, les charmes de sa région, les légendes qui y fourmillent ou les inquiétudes que suscitent les offenses de l’homme à la Nature. Aujourd’hui, ces douze textes prennent corps sur scène dans “Good Old Europe’, à travers un fil conducteur, la découverte de notre continent par un jeune Américain émerveillé.

 

Extrait No 2. – « Good Old Europe »- Voyage dans notre bonne vieille Europe

Les douze textes lauréats du concours « Lettres d’Europe » ont été adaptés au théâtre, et articulés autour du thème du voyage.

Morcelés, les textes ont été restructurés autour de sourires, de regards, de paroles, de parfums d’Europe apportés par chacun des écrivains et des acteurs, qui viennent de Belgique, d’Italie, de Grèce, du Danemark et des Pays-Bas. Le défi était de garder l’intégrité des textes, de trouver comment transcrire sur scène les sources d’inspiration des écrivains, sans les trahir.

 

Extrait No 3. – « Good Old Europe » - Une mosaϊque d’expressions culturelles

Accepter la différence… polyphonique

« C’est sur base de ces textes que j’ai adapté le spectacle’, nous explique Irène Chalkia, metteur en scène au sein de l’Atelier Théâtral des Institutions européennes. « Les textes ont gardé leur intégralité, mais ont perdu de leur individualité. Ils parlent d’un monde en mouvance, qui se forme et se déforme pour atteindre momentanément la complicité d’une vie en commun, d’un monde qui accepte la différence de l’autre. Cette différence, nous l’avons nous-mêmes vécue, puisque les 9 acteurs sont belges, italiens, grecs, danois ou néerlandais. Le tout baigné par une musique originale d’Armando Carrère. »

 

(… ) pour toucher au plus près la poésie de chaque écriture, le spectacle fera appel â une multitude de voix, de langages corporels et visuels. « L’Europe est un vieux continent avec ses civilisations, et ses cultures multiples, variées, une véritable mosaïque. Ce spectacle, c’est l’intégration et l’harmonisation de la diversité entre pays, peuples et cultures dans une Europe polyphonique. C’est aussi essayer d’aller au-delà de l’aspect photographique de cette vieille Europe.

 

Extrait No 4. – « Good Old Europe » - ou la création d’un spectacle pas comme les autres

Prenez des textes en poésie, ou en prose. Sélectionnez les meilleurs de ces textes, après un concours. Ajoutez beaucoup d’audace, pour en faire une adaptation théâtrale. N’oubliez pas les parfums européens, pour leurs goûts et les senteurs, les sensibilités qu’ils apportent. Saupoudrez le tout du talent d’un metteur en scène, Irène Chalkia, qui apporte une petite touche grecque à l’affaire. Vérifiez l’assaisonnement. Goûtez avec délectation le talent des comédiens. Et vous assisterez au spectacle “Good Old Europe’. Un spectacle vraiment pas comme les autres.

 

C’est ainsi que ça se résume la première phase de la pratique du Théâtre multilingue au sein des Institutions européennes à Bruxelles, avec cible un public plus élargi, pour une Europe de la culture, avant même que le Traité de Maastricht en 1992, instituant par l’Acte Unique l’Union européenne, reconnaisse l’importance de la culture comme une dimension essentielle de l'identité européenne (cf. ex art.128,2 qui devient Article 151). Cf. citation (infra)

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Ici j’ouvre une parenthèse pour me référer à une phrase qu’on attribue à Jean Monnet, pionnier de l'Union de l'Europe, mais que probablement lui-même n’a jamais prononcée.

" Si c'était à refaire, je commencerais par la culture ". Cette phrase souligne un constat devenu aujourd’hui une évidence. L'Europe se définit moins par la géographie que par la communauté de culture qui unit ses peuples.

Et pourtant, il a fallu près de quarante années, celles qui séparent le Traité de Rome (1957) de celui de Maastricht (1992), pour que la culture soit considérée comme une dimension essentielle de l'identité européenne.

 

TITRE XII (ex-titre IX)

 

CULTURE

Article 151 (ex article 128)

1. La Communauté contribue à l’épanouissement des cultures des Etats membres dans le respect de leur diversité nationale et régionale, tout en mettant en évidence l’héritage culturel commun.

 

2. L’action de la Communauté vise à encourager la coopération entre Etats membres et, si nécessaire, à appuyer et compléter leur action dans les domaines suivants :

 

- l’amélioration de la connaissance et de la diffusion de la culture et de l’histoire des peuples européens,

 

- la conservation et la sauvegarde du patrimoine culturel d’importance européenne,

 

- les échanges culturels non commerciaux,

 

- la création artistique et littéraire, y compris dans le secteur de l’audiovisuel.

 

3. La Communauté et les Etats membres favorisent la coopération avec les pays tiers et les organisations internationales compétentes dans le domaine de la culture, et en particulier avec le Conseil de l’Europe.

 

4. La Communauté tient compte des aspects culturels dans son action au titre d’autres dispositions du présent traité, afin notamment de respecter et de promouvoir la diversité de ses cultures.

 

5. Pour contribuer à la réalisation des objectifs visés au présent article, le Conseil adopte :

 

- statuant conformément à la procédure visée à l’article 251 et après consultation du Comité des régions, des actions d’encouragement, à l’exclusion de toute harmonisation des dispositions législatives et réglementaires des Etats membres. Le Conseil statue à l’unanimité tout au long de la procédure visée à l’article 251 ;

- statuant à l’unanimité sur proposition de la Commission, des recommandations.

 

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LES SPECTACLES MULTILINGUES

L’ART COMME LANGAGE

L’ACCESSIBILITE DES SPECTACLES ET DE LA CREATION

LA DIMENSION EUROPEENNE ET INTERNATIONALE DANS LA CREATION

 

 

ART ET LANGAGE

L’art est un langage universel.

La force du verbe résulte de la confrontation avec le geste qui est la base du comportement dans les opérations courantes de la vie et de la survie.

 

L’art est un lien supra-linguistique qui crée des ponts au niveau des consciences ethniques et rassure l’individu quant à son appartenance ou à son intégration à une communauté.

 

 

LES SPECTACLES MULTILINGUES – POURQUOI ? Exemples

 

Le paradigme du théâtre antique qui est considéré comme le produit le plus fin de la cité démocratique d’Athènes, intègre dans ses structures poétiques et linguistiques, voire particulièrement dans les parties du Chœur, tout un patrimoine linguistique et musical (modes métriques et rythmiques) qui englobe des modes de vie et des traditions des plusieurs régions et ethnies grecques, pas forcement rattachées au strict patrimoine culturel athénien. C’est ce phénomène qui fait la force de la tragédie grecque, en tant que confrontation du mythe aux réalités sociopolitiques multiples reconnaissables aussi au niveau linguistique.

 

Le langage est associé à l’identité culturelle de l’espèce humaine. Il apporte un bouclier de sécurité individuelle dans un tissu collectif élargi où les différences socioculturelles peuvent être des ressources d’échange et d’enrichissement mutuel, mais peuvent aussi générer de grandes peurs de séparation et de marginalisation par rapport au tissu social dominant.

La nature gère avec succès au niveau des arbres et des animaux la diversité des espèces dans ses forêts et ses biotopes en gardant naturellement l’équilibre de l’écosystème. L’homme, malgré son intelligence ou en raison de son intelligence arrive à perturber cet équilibre naturel, de sorte qu’il doive réfléchir et mettre en place des programmes spécifiques pour réhabiliter l’équilibre de son environnement.

 

Beaucoup de langues ont l’avantage d’être le langage naturel et héréditaire des populations qui les parlent. Ceci constitue un patrimoine culturel inégalable et aucun esperanto ou europanto (*), en tant que langue commune universelle préfabriquée, ne pourrait s’y substituer. Avec ces derniers modèles de langues artificielles, produites de toutes pièces de l’intelligence humaine dans le laboratoire de recherche d’une communication universelle, nous sommes face à un rêve ou devant l’utopie de la mondialisation linguistique.

 

 

Le mouvement et la volonté de mondialisation a eu comme conséquence l’éveil des consciences quant à l’appartenance ethnique des peuples et des individus.

 

Le paradigme de Babel se perd dans les brouillards de l’histoire des peuples de la Mésopotamie, mais j’aimerais accorder un peu de temps à ce récit de la Genèse :

 

Le récit biblique, Genèse 11,4

 

Après la grande inondation, Noé vécut encore 350 ans. Il mourut à l’âge de 950 ans.

De ses fils descendent toutes les nations dispersées sur la terre après la grande inondation.

 

LA TOUR DE BABEL

 

Tout le monde parlait alors la même langue et se servait des mêmes mots. Partis de l’est, les hommes trouvèrent une large vallée en Basse-Mésopotamie et s’y installèrent. Ils se dirent :

« Allons ! Au travail pour bâtir une ville, avec une tour dont le sommet touche au ciel ! Ainsi nous deviendrons célèbres, et nous éviterons d’être dispersés sur toute la surface de la terre. »

Le Seigneur descendit du ciel pour voir la ville et la tour que les hommes bâtissaient. Après quoi il se dit :

« les voilà tous qui forment un peuple unique et parlent la même langue ! s’ils commencent ainsi, rien désormais ne les empêchera de réaliser tout ce qu’ils projettent. Descendons mettre le désordre dans leur langage, et empêchons-les de se comprendre les uns les autres… »

Ils durent abandonner la construction de la ville ; celle-ci porte le nom de Babel ou Babylone. C’est là que le Seigneur a mis le désordre dans le langage des hommes, c’est à partir de là qu’il a dispersé les humains sur la terre entière.

 

 

 

 

Le THEATRE pour exister engage l’être humain dans son intégralité biologique, physique, intellectuelle, psychique et spirituelle ; il implique un contexte territorial, social et politique au sein d’une communauté reconnue comme telle et déterminée (famille, cercle d’amis, village, ville, région, capitale) et dans un espace balisé d’une façon ou d’une autre (cercle tracé au sol, tréteaux, salle de théâtre, amphithéâtre en plein air, rue, église, école , salle de fête, foire, etc. )

 

Ses outils de communication sont multiples : le verbe (la parole), le corps, le geste et le mime, le mouvement et la danse, le chant, la musique

Aujourd’hui s’ajoute aussi l’image déjà créée avec la photo et la projection des séquences vidéo qui concrétisent l’envie de maitriser ou guider en partie l’imaginaire du spectateur.

 

Ses instruments de transmission sont le langage, les signes, les images qui se structurent ou se déstructurent entre eux pour créer des interfaces de perception et de communication en y intégrant des émotions, des sensations, des projections individuelles et/ou collectives et susciter la participation de ceux qui regardent, écoutent et réagissent à leurs ressentis à travers des procédés de connaissance et de reconnaissance, de surprise ou de fascination, d’acceptation voire même de refus et de négation.

 

Pourquoi BABEL a échoué ? 4.000 ans après nous pouvons encore nous poser cette question, car elle me semble pertinente à maints points de vue. Il serait simple, voire naïf de dire parce que Dieu ne l’a pas voulu et clore ainsi à jamais ce dossier légendaire.

Pourtant il y a certains éléments du projet Babel qui vaillent la peine d’être mis sur la table de discussion :

La Tour de Babel est fondée sur une utopie : une seule langue, un seul territoire pour tous les peuples de la terre qui seraient ainsi à jamais réunis sous le regard d’une seule autorité, Dieu, dont on veut se rapprocher au maximum en construisant la Tour à étages (cf. le modèle du Ziggurat de Babylone) et le plus haut possible. Je cite en passant l’importance symbolique de l’image de la Tour, ainsi que de sa destruction, en pensant aux attentats du 11 septembre 2001 à New York et comment cet évènement d’envergure biblique, « a changé dit-on, la face du monde » (cf. Google)).

Donc, le projet de cette hyper-concentration du pouvoir en énergies et en individus sur le même territoire d’action et de cette homogénéification linguistique planétaire échoue et est détruit dans son germe. Il nous reste donc d’en tirer la leçon à appliquer de nos jours en adoptant des voies d’action et de réflexion à l’opposé de ce paradigme mythique. Optons pour le multilinguisme, pour la libre circulation – pour ne pas dire la dispersion - des peuples et des personnes par le monde, et encourageons la liberté d’expression et de mouvement, la communication et l’échange sans tomber dans la confusion qui a frappé la Tour de Babel. Babel est donc par excellence le modèle de référence à éviter. Que peut-on construire à partir de ce moment-là dans des villes contemporaines comme Bruxelles, en Belgique, qui parmi les capitales européennes, se rapproche de plus en plus du modèle de Babylone après Babel ? Comment éviter les ghettos linguistiques et socio-culturels que d’autres capitales du monde ont connus et connaissent encore de nos jours ?

 

Les politiques d’intégration sont très fortes pour la ville et la Région de Bruxelles avec un grand impact budgétaire, ainsi qu’au niveau de la protection civile, de la sécurité sociale et de l’emploi. Le danger de marginalisation des personnes qui affluent de tous les coins du monde avec une grande majorité des pays du Maghreb et de l’Europe de l’Est, est ciblé par des programmes d’alphabétisation pour l’apprentissage - suivant les communes de résidence- du français et du néerlandais qui sont les deux langues prioritaires officielles (avec l’allemand comme troisième langue officielle du pays). Par ailleurs des actions à caractère socio-culturel, surtout avec les jeunes qui naissent en Belgique issus des parents étrangers, visent à une sensibilisation ciblée et une prise de conscience de l’importance des origines et des avantages des tous les échanges possibles, linguistiques, culturels et humains avec les habitants du pays d’accueil. Les écoles assument, bien entendu, une grande partie de cette responsabilité, au niveau national et européen (il y a des écoles d’enseignement libre (=religieux), des écoles communales d’enseignement laïque et des écoles européennes et internationales pour le primaire et le secondaire).

 

Le théâtre en tant qu’expression artistique et culturelle se situe au croisement de plusieurs disciplines dont certaines (comme la danse et le mouvement, le mime, la musique et le chant) n’impliquent pas nécessairement l’utilisation d’un outil linguistique déterminé comme moyen d’expression, de transmission et de communication. Il est certain que traditionnellement le théâtre est associé au pouvoir et à la magie du verbe (de la parole) qui est son outil de base et implique toute la richesse linguistique et poétique des œuvres écrites dans des différentes langues d’origine et traduites par la suite pour une grande partie, de sorte que les barrières linguistiques ne puissent pas être un obstacle aux échanges littéraires et artistiques.

 

LE THEATRE MULTILINGUE, POURQUOI ?

 

Quel est l’enjeu d’un tel choix ?

Quelles sont les difficultés inhérentes au mélange dans le même spectacle de plusieurs langues, à côté de plusieurs autres voies (et voix) d’expression ?

Quel est le résultat par rapport aux objectifs et enjeux ?

 

Tout art, mais le théâtre en particulier, tient compte de l’identité de l’artiste, identité nationale et culturelle, identité physiologique (sa présence corporelle) et psychologique (le comportement et les modes d’expression propres à chaque acteur créateur), identité linguistique (langue maternelle) et possibilité pour l’acteur de travailler aisément dans plusieurs langues sur scène et hors scène, car la transmission des données artistiques et la communication entre les participants à un projet s’opèrent pendant la création constamment dans ce dialogue et échange réciproques sur le plateau et en dehors. La qualité de l’écoute dépend non seulement de l’intelligence innée ou acquise, et de la maitrise ou non d’une langue comme outil de communication, mais du degré de compréhension en termes d’images et de références sociologiques et culturelles qui sont propres à chaque pays et culture, voire à chaque communauté élargie à laquelle nous avons le sentiment d’appartenir.

Lorsque cette compréhension est défaillante, il y a forcément rupture dans la communication qui ne se produit plus de manière directe et immédiate, mais par des moyens relais (traduction, interprétation, projection des images et des significations approximatives) par rapport à un contexte établi. L’échange de l’information se produit malgré tout grâce aux moyens relais qui ont une grande importance, mais ce qui est perdu est la vibration d’origine et le champ électromagnétique, voire l’énergie créatrice qui accompagne les sons (paroles ou chant) et les images dans leurs formes premières.

 

Il est certain que nous pouvons créer toutes les œuvres dramatiques du monde (en prose ou en poésie) au départ de leur traduction dans notre propre langue, ce qui rend la compréhension plus aisée, et parfois même en faisant abstraction totale de l’œuvre originale. L’histoire et l’intrigue seront perçues aussi bien par les acteurs que par le public de la même façon, si la traduction est correcte et ne trahit pas les axes sémantiques du texte original. Néanmoins, l’ensemble du spectacle sera privé d’une force créatrice qui est inhérente au texte original et qui n’est pas récupérable ni transmissible par aucune traduction, aussi parfaite soit-elle.

 

L’objectif du multilinguisme à la création théâtrale pourrait se définir comme suit :

Affirmer une volonté de reconnaissance, d’acceptation et d’accueil inconditionnel de la culture des autres, promouvoir l’échange de qualité, fondé sur des critères d’égalité linguistiques et culturelles et non sur une a priori soumission à celui qui parle la langue véhiculaire du pays, voire la langue officielle ou établie comme dominante. Souvent celui qui exerce un pouvoir use de son droit d’imposer aux autres sa propre langue comme moyen de communication, parfois même, selon le régime politique en vigueur, va jusqu'à interdire l’usage de la langue traditionnelle ou spécifique du peuple qui en est l’utilisateur.

 

Dans notre expérience, nous avons été confrontés, dès le départ, à un désir de liberté d’expression et à la difficulté d’un partage idéologique et/ou spirituel en raison de la langue utilisée. Le théâtre, proposant un objectif commun de création, orienté vers la communauté, arrive à dépasser les obstacles linguistiques, et jette des ponts d’expression (geste, mime, travail vocal et sonore, apprentissage sur le terrain d’une autre langue) là où d’autres disciplines, par exemple scientifiques, érigeraient et accepteraient des frontières.

 

Résultat : l’ouverture des consciences à une identité européenne culturellement diversifiée, et l’accès de tous à la création artistique sans barrières linguistiques.

Le langage reste incontestablement un outil - comme le geste ou tout autre moyen artistique – mais il se laisse apprivoiser par l’imaginaire pour devenir l’instrument d’expression et de communication par excellence.

 

A travers notre approche, nous passons du théâtre du verbe (cf. les grands classiques) au théâtre des images et du ressenti corporel. Nous encourageons la tolérance et la mise en valeur du partage du patrimoine commun européen, sans passer au crible les accents régionaux ou ethniques qui pourraient être considérés comme des vecteurs de pollution linguistique.

 

Il est certain qu’au niveau des Etats membres de l’U.E. existe toujours la protection académique de la pureté de la langue nationale, comme condition pour le respect et la non-trahison de l’esprit des auteurs. Il suffit de se rappeler les combats sanglants pour la pureté de la langue au siècle dernier (en Grèce, en France, en Italie et ailleurs) pour la préservation de la pureté d’un héritage linguistique considéré en tant que véhicule d’une identité ethnique, comme preuve d’intégrité intellectuelle et de fidélité à l’histoire.

 

Le langage est donc précieux pour la communication et la transmission de l’information. Il contribue à la connaissance et à l’échange. Mais qu’en est-il au niveau de la relation entre les êtres humains,  que ces échanges pourraient construire?

 

« Le langage est source de malentendu » affirme le Renard avec sagesse dans le PETIT PRINCE face à l’étonnement du Petit garçon /Prince auquel il propose un rituel d’apprivoisement et ouvre ainsi la porte à une autre forme de communication par l’intelligence du cœur. « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux », dit-il. L’échange ne sera plus fondé sur le langage, mais sur la conscience de l’alliance entre l’homme et l’animal, sur la prise en considération des liens qui fondent (assoient) l’intelligence du cœur : se laisser apprivoiser par l’autre est signe de confiance réciproque et témoigne d’un échange et d’une relation réussis.

Le Petit Prince a été un de mes projets favori auquel j’ai consacré trois mises en scène différentes avec des acteurs venant des pays et des milieux linguistiques différents, y compris avec des jeunes adolescents de l’Ecole allemande internationale de Bruxelles (Deutsche Schule Brussels) .

 

Les années autour de l’an 2000 et le Programme Culture 2000 de la Commission ont suscité en nous de nouveaux rêves de collaboration au niveau européen avec des structures théâtrales dans d’autres pays membres de l’U.E. avec l’élaboration des projets multilingues de grande envergure, comme MEMORIA VIVA (avec la France, l’Italie, la Grèce, la Belgique et l’ile de Chypre) , mais malheureusement ces initiatives à caractère international n’ont pas reçu le soutien de l’Union européenne et leur réalisation a été fragmentée et partiellement seulement accomplie. Cf. les spectacles Le retour d’Iphigénie (2003) et le Retour des Atrides (2004) (en FR et en GR) et J’ai touché la Terre où la Mort m’attend (en FR) par notre partenaire français Le Loup Théâtre. Ces trois spectacles correspondent au troisième volet du projet MEMORIA VIVA (1er volet comprenant MEDEA (en FR, GR, IT, DE, le 2nd volet IPHIGENIE à Aulis et IPHIGENIE en TAURIDE, en FR et en GR, les deux premiers volets impliquant aussi des extraits des œuvres d’Opéra en FR et IT). Il s’agit d’un projet comparatiste transversal, théâtral et musical sur un canevas de réflexion sociologique, qui revisite scéniquement les mythes construits autour de grands mouvements historiques d’émigration et d’immigration des peuples européens et de conquêtes militaires devenues légendaires, comme la Guerre de Troie, épopées qui ont marqué à jamais la conscience collective des européens.

Ce projet pour l’instant, faute de moyens, reste en attente dans mon tiroir. Aucune instance culturelle subsidiante européenne ou belge n’a consenti à son financement. Il a été considéré comme un projet relevant plutôt de la recherche universitaire.

 

 

Le langage comme instrument de la libération par rapport au vécu. Chez l’homme la mémoire sociale que nous pourrions qualifier aussi de mémoire opératoire (puisqu’elle intervient comme guide dans ses actes responsables dans ses relations en société) est dominé par le langage qui est porteur d’images. Dans la pratique théâtrale nous nous appliquons souvent à inverser le processus et nous proposons un théâtre d’images qui peut fonctionner de manière sélective au niveau de la mémoire individuelle ou celle d’un groupe cible, que nous appelons public ou audience. Le théâtre d’aujourd’hui a fusionné beaucoup avec les domaines de la danse et de l’audiovisuel auxquels il a emprunté des techniques et des outils d’expression et de communication. Est-ce à dire que le langage qui lui est propre depuis la nuit des temps, c’est –à- dire la parole et le geste ont perdu leurs titres d’honneur ? Ce constat, ne serait-il pas une conséquence de la difficulté que nous rencontrons dans le milieu professionnel de donner des réponses satisfaisantes aux sollicitations pour un théâtre multilingue, capable de voyager d’un pays à l’autre avec un passeport international, comme celui de la danse, de la musique ou des films de cinéma  qui voyagent avec leur valise de sous-titres ou avec leur manteau de doublage, selon le pays de destination ?

Le théâtre, bien que timidement, résiste encore au doublage. Mais le fait de le mettre sur le marché de la culture et de le considérer comme un produit consommable au même titre que les spectacles de cinéma ou de la télévision (qui sont diffusés massivement aujourd’hui par les DVD), change considérablement ses objectifs et ses finalités. Ce n’est plus la rencontre des êtres humains et des cultures qui prime, mais le potentiel d’accessibilité à une connaissance, parfois virtuelle, car indirecte, non vécue et non ressentie, mais sur-imprimée à l’essence de l’acte théâtral.

 

On dirait que je prêche contre la traduction et contre le doublage et le sous-titrage des œuvres proposées en spectacle à un public de plus en plus élargi, tandis que moi-même j’ai travaillé pendant 21 ans comme traductrice au sein de l’Union européenne. En effet, j’accepte le paradoxe et je défends à maints points de vue le multilinguisme dans la création théâtrale. Si l’on veut que le théâtre reste un art vivant au sein de la société, il faut qu’il puisse continuer à être nourri et abreuvé quotidiennement par les différentes langues parlées par les gens auxquels il s’adresse et qui contribuent chacun par sa tradition culturelle et sa vibration individuelle et ethnique à un perpétuel renouveau.

 

Le langage est porteur d’énergie que nous ne pouvons pas toujours maîtriser sans prendre certains risques. Accepter nos zones d’ombre et accueillir les peurs que le langage ou la langue de l’autre que nous ne connaissons pas induit dans nos consciences, témoigne d’une ouverture d’esprit et de la générosité du cœur et peut-être d’un degré de sagesse supérieur à celui du Renard dans le Petit Prince.

 

Dirigeons avec confiance notre regard vers le futur et vivons la RENCONTRE pleinement, ici et maintenant, avec notre corps et avec notre âme réunis, sans négliger les enseignements de la mémoire et de l’histoire - véhiculés par les langues et les langages, car ils font partie de notre patrimoine culturel commun et différent. Chacun de nous conserve en soi la mémoire des souffrances et des joies qui ont construit ou détruit une partie du monde dans lequel nous vivons. Prendre conscience de la différence et de la richesse de ce patrimoine pourrait nous aider à nous libérer de nos peurs et nous permettre d’œuvrer ensemble sereinement pour accéder à un équilibre meilleur.

 

Le théâtre doit rester une RENCONTRE biologique, artistique, esthétique et culturelle, appuyée sur l’intelligence du cœur et non seulement de l’esprit, une expérience magnifique à vivre dans l’éphémère, où il fait bon aux âmes d’être ensemble.

 

 

 

 

(*) europanto : c’est une langue écrite européenne artificielle, créée par un linguiste italien dans les années 1990 au sein du Département de la Traduction du Conseil de l’Union européenne, à Bruxelles.

 

Intervention de Joanna  Bartolomew,

compagnie Lynx :

 

Bonjour, Je suis Joana Bartholomew, de la compagnie Lynx et l''activité de lynx qui correspond à la question d'aujourd'hui, c'est le théâtre en Anglais, pour les personnes qui ne sont pas anglaises et le théâtre multilingue qui est quelque chose que l'on commence à explorer. Le théâtre bilingue et multilingue. La compagnie à une approche à la fois des arts visuels, les arts du théâtre, donc les comédiens, et aussi j'ai fait beaucoup de formation de langue, en anglais.

(Elle montre des photos)

Ici c'était des personnes, on a travaillé sur des extraits de Pinter, mélangé avec des sketchs écrits en collaboration avec les participants du stage.

Ici c'était une formation pour des hotesses d'accueil, souvent des personnes qui n'étaient jamais allé au théâtre, qui n'avait jamais joué, et qui ont donc suivi la formation. On a écrit des sketchs adaptés à leur niveau de langue, autour de sujets qui les intéressait là où ils en étaient dans la formation, qui correspondaient à un besoins professionnels, qui souvent leur donnaient la possibilité de se positionner par rapport à cette recherche professionnelle et souvent au travers de l'humour. Dans cette leçon de langue, soit c'était sous forme d'une durée hebdomadaire pendant une période de trois semaines, très court, ou des stages intensifs sur un nombre de semaines, et là on avait la possibilité d'écrire une pièce qu'on montait et qu'on jouait devant les autres stagiaires en fin de stage. Il y avait une quarantaine ou une cinquantaine de personnes et par la suite il y avait un repas ensemble. Dans ces formations, la plupart du temps les stagiaires étaient soit des demandeurs d'emplois, soit des jeunes qui passaient des examens de BTS, ou des gens en formation spécialisée. Il y a eu un long projet avec les personnes en formation pour être agents de sécurité. Le public était très souvent multiculturel et donc, après la représentation, on se réunissait avec un  buffet de plats des différentes cultures. Les personnes qui jouaient, même si elles avaient peur de se retrouver devant un public, avaient une grande satisfaction dans 90% des cas, à la sortie. Avec les agents de sécurité, nous avons travaillé sur des cas concrets d'enfants perdus à l'aéroport, qui se retrouvent dans une valise.

Ici, un groupe de jeunes qui préparaient un examen. Ils ont dessiné cette affiche. La, les hotesses.

J'ai fait ce travail pendant 9 ans. Par la suite, j'ai voulu me consacrer plus à l'activité théâtrale, en offrant la formation de théâtre en anglais vers des professionnels du métier. J'ai commencé à organiser des spectacles multilingues, et puis, petit à petit, j'ai eu des propositions de stages multilingues, et en suivant les principes à la fois d'une approche de la langue, un apprentissage, et à la fois une manière de vouloir partager la langue d'une langue à l'autre. répéter, écouter, répéter, pour que l'on commence, langue A et langue B, de façon que la persone B puisse parler la langue A, par une transmission directe entre les participants. C'est une façon de travailler que j'ai découvert et expérimenté avec Henri Degain (?) qui travaillait sur cette façon de pouvoir échanger des langues et j'applique cette méthode et je la mène plus loin avec un spectacle bilingue en Arabe et en Francais. Des poèmes d'une poétesse Syrienne qui s'appelle (Samoa el Nalbi) une femme qui écrit de façon très personnelle sur sa situation de femme, elle est connue pour un livre qui s'appelle "la preuve par le miel", qui parle de l'érotisme féminin, en faisant référence à des textes érotiques du monde arabe des 12ème et 13ème siècle. Ces poémes parlent de plusieurs facettes de sa vie et de ses désirs de femme. Le spectacle est tiré d'un recueil qui s'appelle "mes ancêtres les assassins".

On a créé ça pour le printemps des poètes cette année avec Latifa, une collègue marocaine qui a fiat un travail sur l'arabe littéraire et poétique, juste avant des événements en Tunisie et le démarrage du printemps arabe. Nous étions en train de travailler sur ces poèmes dans une librairie tenue par un marocain très engagé, éveillé politiquement. C'était très excitant, d'être dans le quartier que j'habite depuis 30 ans, ou la population maghrébine est très nombreuse, et de vivre ces échanges avec Latifa. Ensemble, on est en train de préparer un atelier de théâtre multilingue pour les mineurs exilés avec le réseau d'éducation Sans frontières. Le travail de Latifa en tant que personne qui accueille ces jeunes et mon expérience de jeu, nous mène au début d'une expérience intéressante.

Intervention de Maril Van den Broeke, Compagnie du PAS'sage :

 

Bonjour, hello, guten tag, voilà, je voulais le dire en Algérien mais j'ai oublié. Je voulais vous poser une question, qu'est ce que vous voyez ?

Plusieurs tentatives de réponses, puis quelqu'un dans la salle : un corps.

Merci monsieur, parce que monsieur c'est le seul qui a vu un corps. Ceci est un corps qui est emprunté à une femme et qui a été planté un jour dans le pays très connu des Pays Bas. Et c'est là que commence le drame de ma vie et pour pouvoir parler des langues, je suis malheureusement obligée de parler du drame de ma vie. Si ça vous gène les portes sont encore ouvertes, sinon, je vais maintenant m'asseoir et je vais commencer. Vous avez vu, je m'assoie habilement.

Tout à l'heure madame a dit, est-ce que la philosophie existe avant le projet, si j'ai bien écouté, ou le projet avant la philosophie. Dans mon cas il y a le non projet qui après a existé en projet et qui pourrait un jour devenir une philosophie. Je m'explique.

Je suis né dans le sud du Pays bas et j'ai été élevée...Non, il faudrait que je retourne encore, je suis descendante d'une grand grand mère Française qui est morte selon ma grand mère, de mal du pays. Quand on nait avec une donnée comme ça, le drame commence tout de suite car quand j'ai entendu ça, je me suis dit: "qu'est ce qu'ils ont fait pour qu'elle soit morte de mal du pays ?" J'avais trouvé que les gens autour de moi c'était des gens assez sympathiques, elle avait 12 enfants, assez sympathiques, et donc elle est morte quand même. Vous comprenez que n'ayant jamais été en France..et là c'est le deuxième drame de ma vie, j'ai été élevée dans un dialecte. Pour comprendre ce dialecte il faut vous imaginer quelque chose entre l'Allemand, le Suédois, le Patois Francais et le Belge. En fait normalement nous aurions du être Belges. Donc ça aussi ça n'aide pas vraiment. On pouvait parler plus facilement avec les voisins Belges que avec les gens de La Haye, là où est le gouvernement. Quand j'avais sept huit ans, l'école a déclaré que c'était très mal d'élever les enfants dans le dialecte parce que ces enfants là ils parlaient mal le Neerlandais, le augswannetwas et le Skalft c'est très important parce que c'est le Néerlandais éduqué. Donc là on était déjà parti avec un point de retard aussi par rapport aux autres. Après, parce que personne ne parle Neerlandais, quasi personne, à part quelques Belges et quelques Sud Africains, on était obligés d'apprendre l'Allemand, l'Anglais, le Francais avec beaucoup de difficultés et voilà. On avait l'interdiction Allemande, Belge. Et l'autre drame de ma vie s'est fait quand j'avais sept ans aussi où on est allés en Allemagne et parce que j'avais vu Bonanza à la télévision et c'était en langue Allemande, quand je suis en Allemagne je pique une crise parce qu'il n'y avait pas de cow boys. Donc vous voyez que la vie n'est pas toujours facile. Donc comment faire face à ça ?

Ben il faut s'appliquer. J'ai appris ça, qu'il fallait s'appliquer. Donc ma grand mère ne s'était pas appliqué et c'est pour ça qu'elle est morte. Et les gens autour ne s'étaient pas appliqué non plus, peut être parce qu'ils ne pouvaient pas, et c'est pour ça que ma grand grand mère est morte. Quand on allait à Maastricht, parce que c'est de là que je viens, quand on allait à Liège et qu'on essayait d'acheter quelque chose dans le magasin de bonbons, c'étais quasi impossible, c'est pas parce qu'on ne s'appliquaient pas, on a essayé, aussi bien les Liegois que moi, mais on n'y arrivaient pas toujours et donc je me suis dit qu'est ce qu'on peut faire, on ne peut pas toujours apprendre toutes les langues, que faut il faire ? Et je me suis dit je vais regarder et je vais voir comment ils font, comment ils regardent, qu'est ce qu'ils mettent en mouvement dans leur corps, et ça m'a sauvé. Grâce à ça j'ai pu apprendre le Francais, l'Allemand et l'Anglais et quand j'ai vu le film......!!!!!! Je me suis juré qu'un jour je parlerai aussi Italien et je me suis appliqué.

D'applications en applications, d'amassages en amassages, j'ai vécu un autre drame de ma vie, j'ai voulu devenir comédienne et je suis allé à l'école à Amsterdam et ils m'ont dit :"quand vous aurez appris le Neerlandais éduqué vous pourrez revenir". Je me suis dit est-ce que je me jette tout de suite dans les canaux à Amsterdam ? Ou est-ce que je m'applique ? S'appliquer dans sa propre langue, c'est très difficile donc je me suis dit pourquoi pas retourner au regard et au corps et je me suis dit je vais arrêter toutes langues, je vais faire du mime. Et je me suis appliqué. Grace au mime j'ai pu aller n'importe où, c'était très facile si les gens étaient prêts à s'appliquer à regarder. Donc je suis parti à Paris parce que je me suis dit vu que ma grand-mère est morte en Hollande, moi je vais en France et on va voir si ça peu fonctionner. Et c'est là où les drames de ma vie se sont arrêtés à peu près parce que quite à être étrangère dans son propre pays, autant être étrangère dans un autre pays, c'est plus facile. J'aurais dû partir avant. A partir de ce moment là, ma vie a fait ça (signe vers le haut). Je me suis appliqué au mime, au clown, au masque, je pouvais dire ce que je voulais, de toute façon les gens s'en foutaient et si on ne me comprenait pas je disais toujours c'est parce que vous n'avez pas appris ma langue. Il faut vous appliquer. Pourquoi je vous raconte tout ça ? J'espère que vous voyez pointer le point d'intérêt.

Suite à ça je me suis dit c'est vachement intéressant les langues, j'ai voyagé, en Grèce, dans les pays de l'Est, je ne comprenais rien au Hongrois, c'est impossible, même en s'appliquant, de l'apprendre, donc il faut trouver d'autres moyens du coup je me suis dit c'est le corps. Et j'ai fait une autre trouvaille, que je vais partager avec vous, j'ai compris, et je n'ai pas entièrement la responsabilité de ce que j'avance, que parler une langue, c'est aussi avoir une structure, une façon de penser. Et le fait d'aller voir d'autres langues permet de voir d'autres structures et du coup on est obligés de se décoller de ses propres structures, sinon ça ne peu pas fonctionner. Quand j'ai compris ça je me suis dit en fait je, parce que je parlais d'abord pour moi, on peut parler avec tout le monde, on peut travailler avec tout le monde, on peut faire des choses avec tout le monde parce qu'il s'agit d'être ouvert à rencontrer des structures. Par exemple vous allez au Pays Bas, vous donnez Hamlet, ou en Grèce, en Angleterre, c'est une structure aussi un spectacle.

J'ai pensé à Vaclav Havel qui disait : "en fait le théâtre c'est le seul endroit où des êtres humains viennent voir des êtres humains jouer des choses des êtres humains". Donc on peut faire ça partout, avec tout le monde, si on est prêts à voir des êtres humains.

Suite à cette recherche, qui n'était pas une recherche, qui était un mode de survie en fait, je me suis intéressée aussi aux langues de la folie, aux langues corporelles des personnes qui ont un handicap physique, et j'ai entrevu dans les centres où j'allais que par le fait que j'étais étrangère dans un pays étranger, ça faisait toujours bouger les choses, ça ouvrait toujours à autre chose parce que je venais avec ma structure et j'allais me confronter à d'autres structures; et si on était assez ouvert pour voir les deux structures d'individu à individu, ça donnait toujours lieu à une ouverture au lieu d'une fermeture.

Quand j'ai commencé à travailler avec des enfants de la protection judiciaire et de la jeunesse, j'ai toujours essayé d'inviter des personnes de langue étrangère parce que ça dédouane et ça amène à une ouverture, ça enlève toutes les préoccupations, disons vitales, les problèmes et tout ça, parce que d'un coup il faut s'ouvrir à l'autre parce que sinon on passe à côté de quelque chose et si en plus, par exemple dans le cas de Serp'art, avec qui j'ai travaillé, ces jeunes déjà en difficulté par leur situation sociale (ils avaient aussi des problèmes avec la justice), d'un coup ils étaient face à des personnes avec qui ils ne pouvaient que parler la langue du jonglage ou de la pratique artistique, on ne pouvait pas communiquer de toute façon, du coup on créait un canal. C'est ça que je suis venu défendre. C'est le canal de par notre diversité, par exemple je vous regarde vous monsieur, je n'ai jamais été en Algérie mais j'ai été en Tunisie et au Maroc, quand on regarde dans vos pays, on n'a pas besoin de parler, vous êtes tellement clairs, vous comprenez ce que je veux dire, vous avez une telle facilité à échanger....donc....du coup on se met dans une situation où on doit communiquer, comme dans une pratique artistique. Ou la langue Italienne, ou n'importe quoi, si vous voulez, ça peut aussi être en Chinois, parce que si on veut faire quelque chose ensemble, il faut trouver le canal.

J'interviens aussi auprès de personnes atteintes de syndrome d'autisme et ça m'a toujours beaucoup interressée parce que là, les gens disent toujours, ils n'ont pas accès à la langue donc qu'est ce qu'on fait, puis leur corps et souvent très codé, ils ont des trajectoires, des mouvements, et depuis plusieurs années maintenant, je parle autiste et je m'applique et les autistes parlent autiste avec moi et ils s'appliquent.

Une des choses que j'ai essayé, c'est justement de leur parler en langue étrangère et puisque je m'étais appliqué pour les apprendre, j'ai voulu faire To Be or not To Be en Anglais et les autistes comprennent complêtement ça.

C'est vrai nous sommes tous très riches et je crois que dans le travail, je pense que tout le monde l'est. Pourquoi vous êtes ici? Du fait du multilinguisme, ou du multiculturalisme. Mais même aussi des différences physiques, de la langue aussi de la folie, on pourrait en dire,... Quand je travaille avec des personnes psychotiques il y a un monde qui s'ouvre.

Je vais vous dire une chose, puisque j'étais parti avec des confidences, j'ai un papa qui en ce moment s'enferme dans Alzheimer et je m'apercois qu'il a toute une langue et toute une vie à lui. Du coup on n'a jamais aussi bien parlé comme ça, parce qu'on n'a plus la filiation, on est en train de communiquer, comme on peut, on s'applique.

Qu'est-ce que je suis venu faire ? J'ai été demi censurée de me dire "qu'est ce je vais dire qu'est ce je vais dire", donc, je n'ai pas de philosophie mais je crois dans le travail multilingue, aussi bien dans le travail social que dans le travail du monde psychiatrique, les enfants en difficulté, si on se réunit avec toutes nos langues, avec toutes nos structures, émotionnelles, mentales, corporelles, ... Quand je parle Italien, j'utilise aussi des gestes qui sont Italiens. Il y a des films qui ont été fait là dessus, si vous coupez le son. Par exemple, je suis sur qu'un jour, même Mr Sarkozy, sur l'écran on coupe le son, on va voir ce qu'il dit vraiment, il faut regarder. Souvent le contenu ouvre tout ça mais j'ai déjà fait l'experience de couper le son et là on voit où on ira avec notre pays prochainement. Donc si vous avez des questions vous venez me voir après.

Je ne voudrais pas faire trop long parce qu'il y a encore une fille après moi, juste vous dire un petit peu, je travaille, entre autre avec la compagnie du Passage, de Montpellier et la semaine prochaine on organise des rencontres scène jeunesse, en collaboration avec la protection judiciaire de la jeunesse et d'autres partenaires et là Serp'art intervient avec nos jeunes, d'autres personnes aussi, des ateliers de pratique artistique. Les jeunes viennent aussi montrer ce à quoi ils ont travaillés toute l'année.

Une autre branche qui me plait beaucoup et avec laquelle je travaille beaucoup surtout à l'étranger, c'est aussi le clown, le petit masque, parce qu'il peut être joué aussi partout. Je travaille aussi en Italie dans des projets multilingues, par exemple en Mars j'ai créé avec des élèves de troisième année d'une école de théâtre un Becket en trois langues, Anglais, Francais et Italien, et ça tournait comme ça et aussi bien le public que les élèves ont pu s'accaparer de la langue Beckettienne et se confronter de se mettre dans son tune. De le faire aussi en Anglais et en Français et bien sur en Italien mais ça c'était leur langue.

Créons, c'est ce que je voulais dire, faisons nous, mettons nous ensemble autant que nous sommes.

Intervention de Catherine Tournafol,

ITEP - Pour la promotion de tous les talents :

 

Art et handicap

 

Je travaille dans un Itep, C'est un institut thérapeutique éducatif et pédagogique, qui accueille des enfants et des adolescents qui ont des troubles du caractère et du comportement. Parallèlement je suis présidente d'une association qui s'appelle "Lieu pour la promotion de tous les talents" et on travaille sur la mise en place d'un centre de ressources régional autour de la question de l'art et du handicap. Le propos c'est de faire un panorama sur l'accessibilté des personnes en situation de handicap à la culture et aux pratiques artistiques. Je vais vous proposer de s'interroger un peu sur cette notion d'accessibilité.

Pour moi s'interroger c'est prendre en compte pour mieux se rendre compte, pour ne pas lisser les différences mais accorder le droit de pouvoir vivre sa différence et reconnaitre la diversité comme une valeur fondamentale. L'accès à la culture est un droit applicable à tous, mentionné dans la constitution, dans la déclaration de l'ONU. En 2003 on a vécu l'année européenne sur le handicap. En France l'année 2005 a marquée une étape importante parce qu'il y a eu la promulgation d'une loi qui s'appelle la loi du 11 Fevrier 2005 qui est une loi sur l'égalité des droits et des chances et la participation citoyenne des personnes handicapées. Cette loi enterrine le principe d'accessibilité généralisée à la culture. Je mentionne : "Toutes personnes handicapées à droit à la solidarité de l'ensemble de la collectivité nationale et de garantie, entre autre l'acces aux droits fondamentaux reconnus à tous citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté. Six ans après l'entrée en vigueur de cette loi, qu'en est il de cet égal accès à la vie culturelle et aux pratiques artistiques ? Ce qu'il y a d'intéressant dans cette loi, c'est vraiment la définition du handicap, que je vais vous citer : "Constitue un handicap toutes limitations d'activité ou restriction de la participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison de l'altération substantielle, durable ou définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, kinétiques ou psychiques, d'un poly-handicap ou même de troubles de santé intermittents".

Ce qu'il y a d'intéressant au niveau de cette loi c'est qu'elle ne définit plus le handicap intrinsèquement mais dans sa relation à l'environnement. De là va découler tout un tas d'implications sociales. En France on compte environ 12 millions de personnes en situation de handicap. Le handicap visuel représente 1,7 millions de personnes, auditif plus de 5 millions, moteur 2,3 million, intellectuel 700 mille personnes, tout ce qui est difficulté d'apprentissage, de language, de retards mentaux. Par rapport au vieillisement, on a 1 million de personnes agées qui cumulent plusieurs handicaps. Il y a 7 millions de personnes qui sont sous psychotropes et un Francais sur deux sera en situation de handicap au cours de sa vie. En Languedoc Roussillon, plus de 6000 familles bénéficient d'une allocation pour leur enfant en situation de handicap, 1338 structures médico sociales accueillent ces enfants. Pour les adultes, plus de 40 000 personnes bénéficient d'une allocation d'adulte handicapé. 80 établissements de travail protégé ont une formation professionnelle adaptée. 168 établissements d'hébergement et 31 services accompagnent les personnes handicapées dans la vie sociale.

L'accès à la culture pour les personnes handicapées est un droit assimilable et appliquable dans l'ensemble des équipements culturels, elle doit donc dépasser l'initiative individuelle ou le volontariat. On peut constater que l'accessibilité est majoritairement abordée au niveau du bâti mais c'est une approche très réductrice car elle fait l'économie des prestations. L'accès culturel implique un accès information, des modes de tranport adaptés, des moyens physiques, psychologiques et financiers. C'est tout un ensemble.

L'offre culturelle est rarement totalement accessible ou totalement inaccessible, il est plus juste de parler de bonnes pratiques, qui de fait ont permis d'améliorer l'accueil de tous les publics. Quand je dis tous les publics, ce peut être des publics qui aujourd'hui sont présents dans les salles de spectacles et qui demain ne seront plus présents, atteints de maladies évolutives. L'accessibilité culturelle implique différents types d'acteurs, culturels, sociaux, médico-sociaux, associatifs, les collectivités territoriales. C'est cet ensemble d'acteurs qui constituent une chaine d'accessibilité culturelle. Si un maillon de cette chaîne vient à manquer, la personne handicapée sera privée de son accès à la pratique culturelle. La nécessité, c'est donc que l'ensemble des acteurs se mobilisent et travaillent ensemble.

En france, l'institution principale est le conseil général depuis la décentralisation, c'est le département qui a la compétence de la solidarité et du handicap. Depuis la loi de 2005, il existe une prestation de compensation. on évalue le niveau de Handicap, et en fonction de ce niveau, la personne pourra avoir des aides, finanicères, matérielles ou techniques. Cette aide peut ainsi servir à l'accès à la culture. Peu de personnes aujourd'hui connaissent cette loi et s'en saisissent. L'aide peut aller jusqu'à 30h par mois.

Autre expérience, la création d'un label tourisme et handicap qui permet aux établissements qui le souhaitent de s'engager dans un diagnostic d'évaluation et de conseil sur l'accessiibilité. En Fance, tous les établissements qui reçoivent du public devront être accessible en 2015. Actuellement, c'est une peu la panique parce que les lieux d'accueil ne sont pas forcément adaptés. IL faudra donc des dérogations, approuvées ou non. Malheureusement, certains lieux seront obligés de fermer.

Il existe de nombreuses associations qui représentent les personnes handicapées. Le souci autour de ce travail d'accessibilité à la culture, qui est une problématique transversale à plusieurs handicaps, est de travailler en cohérence avec les différentes associations qui sont très recentrées sur leur problématique propre. Il existe des tensions entre le monde de la culture et le handicap. La politique de l'offre (événement, équipement, tarifs diminués...) ne suscitent pas forcément l'augmentation de la demande. Un large public n'accède pas à l'offre artistique (musée, salles de concerts...). Les handicapés en tant que consommateurs de culture ont longtemps été oubliés et peu d'initiatives ont été mises en place. Dans les pratiques artistiques développées par les secteurs culturels (bilbliothèques, médiathèques...) il existe un aménagement pour ces personnes. Les musées aussi sont accessibles et ont des actions spécifiques (pratiques, ateliers...). Par contre si l'on prend l'exemple des conservatoires de musique en Languedoc Roussillon, si on leur pose la question de l'accessibilité ils répondent qu'ils n'ont pas de demande et ne comprennent pas pourquoi on leur pose la question. Excepté le conservatoire de Perpignan qui a des actions spécifiques pour les malentendants, les handicapés physiques... Ces actions sont très peu échangées et mutualisées.

Autre action aux beax arts. Aucune action dans les écoles de Beaux Arts, sauf à Montpellier, qui à la rentrée 2011 recevra une personne en fauteuil.

Par rapport à ces questions, cela m'intéresserait de connaître ce qu'il se passe ailleurs;

Aux beaux arts et au conservatoire, il y a des concours d'entrée; Cela représente des difficultés; un niveau d'études est exigé, ce qui représente un frein pour les personnes handicapées qui ont souvent connu des difficultés dans leur cursus scolaire (hospitalisations).

Beaucoup de lieux sont inaccessibles (batiments anciens, pas adaptés), mais ce qui ressort, c'est qu'il n'y a pas eu de volonté jusqu'à maintenant de réfléchir à une autre forme de pédagogie ou de médiation spécifique. Pourtant, en france, il existe une charte de l'enseignement artistique qui parle de l'adaptation de la culture et de l'éducation en fonction des inégalités sociales.

Parallèlement dans le secteur associatif, il y a beaucoup d'initiatives qui permettent à des personnes de faire du théâtre, de la musique. C'est un secteur très dense, mais qui n'est pas lisitble. Pas de lieu centralisateur de l'offre sur le territoire. Les personnes ne savent pas ou aller pour avoir accès. Ce sera le bouche à oreille qui fonctionne.

Que faudrait il faire pour faire évoluer la situation? Adapter et renforcer la communication. L'accès au droit est conditionné par l'accès à l'information. L'information sur l'accessibilité n'apparait que très rarement dans les supports de communication développés par les équipements culturels. Les pictogrammes ne sont pas systématisés. La présence et la fiabilité de l'information sont des problèmes réels. Ce défaut d'information creuse le fossé entre les personnes du domaine de la culture et les personnes handicapées, qui se rendent dans des lieux non adaptés, puis qui se lassent.

Beaucoup de personnes se soustraient de cet accès par simplement un défaut de communication. Parallèlement, les professionnels de la culture, n'ont pas une vilsibilité de tout le secteur médico social, de tous les établissements qui existent qui acceuillent des personnes en situation de handicap. Du coup, ils ne vont pas vers eux. C'est un problème de méconnaisasnce réciproque. 80% des personnes en situation de handicap ne vivent pas dans un étbalissement d'accueil, et sont encore plus dans l'isolement et il y a peu de dispositifs d'action culturelle qui sont pensés pour leur besoin, qui envisagent les choses à domicile (actions très rares).

Le secteur médico-social reste marqué par une habitude de pratique institutionnalisée en interne. IL y a des éducateurs, des soignants, à l'intérieur, il ya des personnes. Les ateliers peinture, théâtre... sont développées par des personnes handicapées qui elles-même encadrent. IL y a peu d'intervenants artistiques. Et les personnes se coupent un peu du monde. Au niveau de la commission art culture handicap, il y a une volonté à travers les DRAC qu'il y ait vraiment une passerrelle entre des gens investis dans une pratique culturelle, mise à disposition des personnes. En France, une personne qui reçoit l'allocation handicap a à peu près 715€. Tous les lieux culturels ne font pas forcément de réduction, alors qu'elles existent pour les chômeurs qui gagnent parfois plus. La gratuité de l'accompagnateur n'est pas toujours de mise non plus.

En France, il existe le dispositif culturel du coeur, au niveau national, qui peut être un point d'appui. Ils travaillent avec le secteur culturel qui leur donne un certain nombre de place par spectacle. Ces places sont mises à disposition de strucutres sociales ou médico sociales.

La dernière idée, c'est d'échanger sur nos pratiques, essayer de voir et de rendre visible des expériences pilotes. Ca peut être traduit au sein d'une équipe, de différentes structures. Ce qui manque, c'est des moments ou on puisse échanger ensemble; s'enrichir les uns des autres, pour ne pas se sentir seuls, voir d'autres énergies, comment d'autres ont réussi à dépasser leurs difficultés...

Pour terminer, j'aimerai citer une phrase d'Augusto Boal : "être  citoyen, ce n'est pas vivre en sociéte, c'est transformer la société dans laquelle on vit."

  ERRANCE EN AÉA